Les groupements d’associations villageoises d’épargne et de crédit contribuent à éliminer la pauvreté en zone rurale en raison de l’autonomisation financière des populations due au développement d’activités génératrices de revenus. C’est ce qu’estime, Alfred Kouassi, ex-bénéficiaire du projet Filets Sociaux Productifs et agent encadreur des groupements AVEC à Kondoukro, (S/P de Djébounoua) dans le département de Bouaké. Dans un entretien, il explique l’organisation, le fonctionnement et les avantages de ces associations qui favorisent le bien-être économique et social des populations villageoises.
Comment êtes-vous passé de bénéficiaire des filets sociaux productifs à agent-encadreur des groupements AVEC ?
A.K : C’est le Gouvernement qui a initié ce projet en vue de venir en aide aux personnes les plus démunies. Il y a d’abord eu l’étape de recensement. Ensuite une enquête a été menée dans notre village pour mesurer le niveau de vie des populations. C’est en fonction des critères de choix des personnes les plus démunies qui ont été instaurés que nous avons été retenus. Ici à Kondoukro, nous étions 37 personnes à bénéficier d’une allocation de 36.000 FCFA tous les 3 mois pendant 3 ans. Aujourd’hui nous sommes sortis du projet, mais les Filets sociaux nous ont donné des outils de développement qui peuvent nous aider à éradiquer la pauvreté entre autres les AGR (Activités Génératrices de Revenu), le Budget familial et l’AVEC (Association villageoise d’épargne et de crédit). C’est ainsi que j’ai reçu la formation des travailleurs sociaux pour encadrer les membres des AVEC.
En quoi consiste l’Association villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC) ?
A.K : L’AVEC consiste à faire une réunion d’épargne. Chaque semaine, nous nous réunissons et cotisons de l’argent. Les sommes collectées servent à la fois d’épargne et de crédit. C’est donc ce fonds de fonctionnement qui permet de créer des Activités génératrices de revenus (AGR).
Quelle est la particularité des épargnes générées par les AVEC à la différence des épargnes classiques ?
AK : Le mode de fonctionnement de l’AVEC diffère de celui des microfinances. L’AVEC est autonome et est autogérée. Aussi pour épargner à l’AVEC, c’est simple parce que c’est une cotisation. Nous avons des parts que nous achetons. Ces parts sont déterminées par une Assemblée générale. Lors de cette Assemblée générale, c’est la somme dite par la personne la plus démunie qui sera acceptée. Par exemple, au cours de la réunion, la majorité décide que la plus petite part sera la somme de 1000 FCFA, ce qui signifie qu’une personne qui dispose de cette somme peut participer aux réunions et épargner jusqu’à 5000 FCFA. Cependant celui qui n’a pas les 1000 FCFA ne pourra pas participer aux réunions.
En tant qu’agent-encadreur, Quelles techniques utilisez-vous pour convaincre les populations à adhérer au projet ?
A.K : Je n’ai pas de stratégie particulière parce qu’il y’avait déjà un groupe pilote des membres qui a été ciblé par le projet Filets sociaux. Et après la fin du projet, ce groupe s’est constitué en AVEC. Nous avons vécu une première expérience jusqu’à faire le partage. Il y a eu la somme de 1.314.000 FCFA qui a été partagée. Nous avons fait la sensibilisation auprès des non bénéficiaires des AVEC sur l’importance de cette initiative Au début, lorsqu’on leur disait de s’intéresser à ce type d’épargne, beaucoup de personnes étaient hésitantes. Mais lorsqu’ils ont vu les résultats de la phase pilote, en raison du taux d’intérêt généré par les crédits accordés pour la réalisation d’activités génératrices de revenus, le virus a contaminé tout le village. J’ai été sollicité de partout pour créer un nouveau groupement AVEC pour favoriser de nouvelles adhésions. C’est ainsi qu’au-delà du groupe pilote, 4 autres groupes ont vu le jour. Ce qui fait un total de 5 groupements AVEC à Kondoukro.
A quel moment décidez-vous de faire le partage en AVEC et comment se fait le calcul avant la redistribution des parts de cotisation ?
A.K : L’AVEC fonctionne sur un cycle de 12 mois. Après l’année écoulée, on peut faire le partage. Le calcul est simple. Par exemple, si la part est égale à 500 FCFA, le membre qui cotise 2000 FCFA a droit à 4 parts. A la fin, toutes les parts que chaque personne aura payées seront cumulées. En plus, on ajoute le pourcentage des 10 % d’intérêt des crédits octroyés puisque l’AVEC fait du crédit. On ajoute aussi les amendes collectées chez les membres. C’est ce total qu’on divise selon le nombre de parts pour trouver la valeur de la nouvelle part. C’est cette somme qui sera reversée à chacun.
Quand est-ce que les amendes sont appliquées au sein des AVEC ?
A.K : Ces associations ont toutes un règlement intérieur, donc quand tu enfreins une règle, tu es amendé. Par exemple les retards et absences injustifiés ou les perturbations du déroulé des réunions sont passibles d’amendes. Et elles varient entre 50 et 100 FCFA selon la gravité de la faute.
Quels sont les avantages du projet AVEC ?
A.K : Il y a beaucoup d’avantages. Les critères de l’AVEC sont particuliers par rapport aux autres associations. Concernant les autres associations, leurs cotisations sont fixes et c’est la somme décidée qui doit être versée. Mais en AVEC ce n’est pas le cas. On établit une fourchette et on permet à chacun de prendre des parts que leurs moyens permettent de payer. Et jusqu’à la fin du cycle ce que tu as épargné te revient.
Nous savons que l’objectif principal des AVEC est de permettre aux membres de développer des AGR. Cependant, n’y a-t-il pas d’autres initiatives qui sont prises par ces associations ?
A.K : L’AVEC a deux caisses. Il y a la caisse de solidarité dont le rôle est de venir en aide aux membres en cas d’évènements heureux ou malheureux. Les cotisations dans ce cas sont fixées à 100 FCFA que les membres payent à chaque réunion. Cette cotisation ne peut pas se payer comme les parts, elle est versée une fois. Cette somme ne change pas quelque soit le nombre de part de la personne. Cette caisse sert aussi en cas d’assistance maladie. Pour le partage que nous venons d’effectuer avec l’association « AKE FAMAN N’GBIN », il y a eu deux décès et un malade que nous avons assisté. L’argent de la solidarité sert aussi à renouveler les outils de travail du groupe AVEC.
Pensez-vous que les AVEC sont un instrument important de lutte contre la pauvreté ?
A.K : Les groupements AVEC constituent un instrument de lutte contre la pauvreté car ils permettent de sédentariser les femmes et les jeunes à cause de leurs activités. C’est une initiative qui lutte aussi contre l’exode rural et favorise le développement des villages. Autrefois, les paysans avaient du mal à avoir des ressources pour acheter les intrants pour développer leurs cultures. Mais aujourd’hui, étant membre de l’AVEC, tu as la facilité d’obtenir un crédit pour l’achat de l’engrais sans frais de dossier et sans les tracasseries des banques. Pour les femmes, cette tontine locale contribue à leur autonomisation financière en développant des commerces. C’est une grande joie pour les membres ici au village. L’AVEC joue un rôle capital et constitue une caisse de microfinance. En plus du volet économique, les AVEC renforcent davantage les liens de solidarité entre les populations.
Un message à adresser aux autorités gouvernementales dans le but d’améliorer ce projet.
A.K : Je voudrais rassurer le Gouvernement que le projet des AVEC prend forme et les résultats sont visibles dans les zones rurales. Pour qu’il prenne de l’ampleur, nous voulons que l’Etat déploie beaucoup plus d’encadreurs dans nos villages afin de sensibiliser les non adhérents à intégrer les AVEC et les doter de moyens techniques pour faciliter les formations. Nous souhaitons que les AVEC s’étendent sur toute l’étendue du territoire national. C’est en cela qu’on réussira à bouter la pauvreté hors de nos localités même dans les zones les plus reculées du pays.
Source : SERCOM
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