1- Monsieur le Ministre, pourriez-vous rappeler à nos lecteurs, les objectifs du Projet Filets Sociaux Productifs ?
Votre question me donne l’opportunité de parler de l’important projet qu’est le Projet Filets Sociaux Productifs. Ce projet est une initiative du gouvernement ivoirien qui bénéficie de l’appui technique et financier de la Banque Mondiale. Il est financé à hauteur de 50 millions de dollars US, soit un montant global de 25 milliards de francs CFA.
C’est un projet qui intervient dans un contexte de justice sociale et de répartition équitable des fruits de la croissance économique enregistrée, ces dernières années, par notre pays. Il vise l’amélioration du revenu des ménages les plus pauvres du milieu rural des zones Centre, Nord et Ouest, à travers des allocations trimestrielles de 36 000 FCFA (soit 12 000 FCFA par mois).
Aujourd’hui, 5000 ménages qui en bénéficient déjà vont recevoir leur deuxième paiement. Ce sont, à terme, 35 000 ménages bénéficiaires (soit environ 210 000 personnes concernées) qui sont ciblés sur la période 2017-2020. Mais, au-delà des transferts, le projet inclut également des mesures d’accompagnement visant le renforcement, tant du capital humain que du capital productif desdits bénéficiaires (scolarisation, lutte contre la violence, nutrition, l’alphabétisation fonctionnelle etc…), ainsi que la mise en place progressive des fondements d’un système national de filets sociaux intégrant une méthode de ciblage et un registre unique des personnes pauvres et vulnérables en Côte d’Ivoire.
2- Pourquoi le choix d’un paiement électronique via le Mobile Money pour le paiement des bénéficiaires de la phase pilote ?
Votre question est pertinente. Elle pose la problématique de l’opportunité de l’utilisation des nouvelles technologies dans le milieu rural, au regard de la prévalence de l’analphabétisme dans ledit milieu.
Mais, il est tout aussi pertinent de se demander, s’il serait convenable de priver ce milieu d’une telle opportunité d’inclusion financière, étant entendu que la réalité socio-économique ivoirienne se caractérise par une croissance et une vitalité du marché financier, qui intègre l’utilisation des mécanismes innovants offerts par l’économie numérique.
C’est pourquoi, capitalisant sur les expériences éprouvées par d’autres pays de la sous-région, nous avons, de concert avec le bailleur, retenu l’option du Mobile Banking comme support pour les opérations du premier paiement des allocations aux 5000 ménages bénéficiaires de la phase pilote du projet. Ainsi, dans le cadre d’une convention, la conduite de ces premiers paiements a été confiée à un opérateur de téléphonie mobile de la place.
Un dispositif d’information, de formation et de sensibilisation des récipiendaires est mis en place pour contribuer au renforcement de capacités des concernés. L’objectif est de les rendre autonomes face aux contraintes liées aux opérations de retraits, selon le protocole établi par l’opérateur de paiement.
Il faut, cependant, reconnaître que cela ne nous a pas dispensé de quelques problèmes techniques liés à la manipulation du téléphone portable. Ces problèmes, malheureusement, ont eu pour effet un retard dans les paiements. Ces difficultés se résument, entre autres, au blocage de la carte SIM, au blocage du compte de paiement, …
Mais, ce mécanisme de paiement, au-delà de ces contraintes qui seront minimisées avec le temps, présente des gages de sécurité et de traçabilité des opérations, ce qui a favorisé son maintien pour les opérations du deuxième paiement, au titre de la phase pilote du projet.
3- Monsieur le Ministre, quel bilan faites-vous de ce premier paiement, trois (03) mois après ?
Retenons, en termes de bilan, que les 5000 ménages bénéficiaires de la phase pilote ont perçu le premier paiement au titre du premier trimestre de l’année. L’analyse des données y afférentes révèle, qu’environ un (01) ménage sur deux (02) a été retenu comme ménage bénéficiaire. En outre, cette analyse met en relief un taux moyen de couverture de ménages bénéficiaires par village allant de 27 à 67%.
Au regard de ce premier pari réussi, face à la promesse du gouvernement d’accorder à ces ménages bénéficiaires une aide trimestrielle de 36 000 FCFA, jusqu’en 2020, je puis affirmer, que je suis, dans l’ensemble, satisfait des premiers résultats obtenus. J’en suis également satisfait parce que, dans l’attente d’une prochaine étude d’impact plus complète, nous sommes informés de pratiques prometteuses en ce qui concerne l’utilisation des ressources allouées.
C’est, pour ne citer que ces exemples, le cas de 40 ménages bénéficiaires du village de Koyatrogbepleu, situé à 3 km de Danané, dans la région du Tonkpi, pour lesquels, les ressources mises à disposition ont servi, dans le cadre d’une association, à faire trois (03) parcelles de terre cultivée dont une de maïs, une d’arachide et une de manioc. Au-delà de ces activités champêtres, ces bénéficiaires ont pour ambition de mettre en place une caisse de solidarité visant l’entraide, en cas de besoin.
Dans le Gbêkê, également, précisément à Pli-akakro, village situé dans la sous-préfecture de Bodokro, dans le département de Béoumi, certains bénéficiaires ont investi dans l’achat de semences et de boutures, soit pour mettre en valeur une parcelle, soit pour agrandir leur parcelle déjà existante, …
Comme vous pouvez le constater, la communication de proximité initiée à l’endroit des ménages bénéficiaires du projet porte ses fruits. Les bonnes pratiques enregistrées en sont la preuve. Ces premiers résultats augurent donc, conformément aux attentes du projet, de lendemains meilleurs pour ces familles, en termes d’amélioration de leur condition de vie et de leur autonomisation financière. Ces bons exemples feront l’objet de promotion auprès des autres ménages bénéficiaires, en termes d’information et de sensibilisation.
4- Monsieur le Ministre, quelles sont les perspectives ?
Les perspectives immédiates portent sur le deuxième paiement et sur la phase de passage à l’échelle du projet, qui prévoit la prise en compte des 30 000 ménages bénéficiaires restants.
Concernant le deuxième paiement, l’Unité de Gestion du Projet, après avoir bouclé la phase de préparation, a, avec l’opérateur de paiement, démarré le processus de dépôt le 29 juillet 2017. Celui-ci s’étendra jusqu’au 04 août prochain.
S’agissant de la phase de passage à l’échelle, le démarrage du processus est prévu pour le mois d’août 2017, à travers l’organisation d’ateliers régionaux de sélection, par tirage au sort, des villages bénéficiaires. Nous espérons nous accorder avec nos partenaires de la Banque Mondiale pour couvrir, en plus des trois (03) premières régions, neuf (09) autres zones d’intervention du projet. Trois (03) critères sont déterminants dans le choix de ces régions, sur la base des données statistiques de l’Enquête sur le Niveau de Vie des Ménages (ENV 2015). Il s’agit, notamment : (i) l’appartenance aux zones critiques de pauvreté, (ii) le taux d’extrême pauvreté et (iii) le niveau de contribution à la pauvreté.
Au titre des perspectives, le Premier Ministre Amadou Gon COULIBALY a obtenu, de la Banque Mondiale, l’annonce d’un financement complémentaire de 100 millions de dollars. Ce financement, qui équivaut à un montant d’environ 50 milliards de francs CFA, permettra d’augmenter le rayon de couverture du projet, une fois que cette rallonge aura été structurée d’accord partie et intégrée au cadre réglementaire régissant la coopération entre la Banque Mondiale et la Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, les conclusions d’une analyse faite par la Banque Mondiale dans le Document d’Evaluation du Projet Filets Sociaux Productifs, sur la base des données de l’ENV 2008, révèlent qu’avec 0,6% du PIB, on pourrait couvrir l’ensemble des ménages extrêmement pauvres dans les zones rurales, ce qui permettra de réduire le taux d’extrême pauvreté d’environ 35 %.
Pour clore mon propos, je voudrais, ici, réitérer, au nom du gouvernement, nos remerciements à la Banque Mondiale pour son appui technique et financier à l’Etat de Côte d’Ivoire dans sa politique de lutte contre la pauvreté.
Je voudrais, également, réitérer mon appel aux bénéficiaires, notamment les hommes, à la faveur des premiers paiements : cette assistance du gouvernement ne devra pas servir de prétexte pour organiser, comme le voisin, une cérémonie ostentatoire de baptême, pour prendre une deuxième ou une troisième épouse, ou encore, pour augmenter la fréquentation des ‘’maquis’’ et autres débits de boissons.
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